Argentine, Aux plaisirs du dulce de leche

23/07/2013 21:38

SALTA

Fraîchement débarqués à Salta, après 7 heures de bus depuis la frontière bolivienne, nous partons à la recherche d’une bière fraîche en terrasse et du Wi-Fi pour contacter François, l’ami de Johann. Il accepte de nous héberger et de nous faire découvrir sa région. Il vit avec Eva, sa copine argentine, et travaille comme guide touristique. Ils nous emmènent dès le premier soir goûter à une picada (planche de charcuterie et fromages) énorme et aux vins argentins. Quel plaisir après tous ces mois d’abstinence porcine et viticole !

Nous nous baladons le lendemain dans cette jolie ville de style colonial, où la sieste règne en maître du temps de 14h à 18h.

Nous partons ensuite tous les quatre en voiture faire la route des vins passant par Cafayate et Cachi. Nous commençons le voyage par la dégustation de nos premiers (mais sûrement pas derniers) alfajores, délicieux petits biscuits fourrés au dulce de leche et enrobés de chocolat. Pour les non connaisseurs, le dulce de leche est un lait concentré caramélisé, comme la confiture de lait… Nous traversons ensuite la Quebrada de las Conchas, qui doit son nom à la présence de coquillages (conchas) hérités de l’ancienne présence d’une mer. Le paysage est sublime ! Nous nous arrêtons observer 2 merveilles naturelles : la Garganta del Diablo et l’Anfiteatro. Il s’agit de gouffres creusés par l’eau, aujourd’hui secs. Ces puits gigantesques sont impressionnants, et le deuxième offre une acoustique naturelle digne d’un grand opéra. Un musicien y joue d’ailleurs de la flûte.

Nous reprenons la route direction Cafayate, et nous arrêtons plusieurs fois pour admirer le paysage et donner à manger aux lamas. Nous passons la nuit dans la ville où nous mangeons notre première parillada, un barbecue de cette fameuse viande argentine accompagnée de boudins, saucisses et chorizo en tout genre. Nous dévorons littéralement tout le plat.

Le programme du lendemain débute par la visite des caves et la dégustation de saucissons de lamas. Dans l’après-midi, nous traversons la Quebrada de las Flechas, une vallée superbe hérissée de couches calcaires complètement disloquées, ressemblant à des dominos tombés. Nous sommes envoûtés par la particularité des lieux.

Arrivés à Cachi, nous goûtons cette fois à du chevreau à la broche, servi à volonté. Nous en abusons bien sûr, mais trouvons toute de même le courage de monter sur une piste d’atterrissage presque inutilisée pour admirer le ciel étoilé.

Le troisième jour, nous reprenons la route vers Salta qui traverse notamment le désert des cactus Cardones et ses condors.

De retour à la ville, nous continuons d’apprécier les spécialités locales : viandes, guiso (ragout de lentilles succulent), spectacles folkloriques de danses gauchos.

Déjà une semaine de passé, et nous poursuivons notre voyage en direction de Mendoza. Merci encore énormément à François et Eva pour leur hospitalité.

 

SAN JOSE

Sur la route de Mendoza, nous nous arrêtons à San José après 15h de bus, que nous pensions être le point de départ pour visiter le désert de fossiles de dinosaures. Grossière erreur, puisqu’après l’obtention laborieuse des bonnes informations, il s’est avéré qu’il nous faudrait plus de 1 500 pesos (200 euros) et 2 jours pour faire cette visite. Notre budget ne nous permettant cette dépense, nous décidons de simplement profiter de la ville et de partir le lendemain pour Mendoza.

 

MENDOZA

Arrivés de bon matin, nous posons nos valises dans un hôtel un peu excentré de la ville mais la chambre est agréable et le lieu charmant. La ville en elle-même, contrairement aux dires des gens rencontrés au cours de notre voyage, n’est pas extraordinaire. Même pas une petite peña pour passer la soirée !!

Le lendemain, nous partons à Maipù pour louer des vélos et découvrir la fameuse route des vins d’Argentine. La route est très circulée et ne passe malheureusement pas entre les vignobles, mais les paysages aux alentours sont sublimes encore une fois. Le soleil pâle de l’automne donne aux feuilles roussies de la vigne une poésie particulière, à laquelle s’ajoute celle des cimes enneigées des Andes que l’on aperçoit en arrière plan. La visite de plusieurs caves nous enivre et nos sacs se chargent de bouteilles de vins typiques notamment le Torrontès. Ce vin argentin est autrement appelé « Le vin menteur » pour son nez moelleux et son goût sec. Nous roulons avec nos bicyclettes sur plusieurs kilomètres et Alix n’arrête de dérailler ! Après une journée bien remplie, nous regagnons Mendoza pour préparer notre départ pour l’Aconcagua.

Pour rejoindre l’Aconcagua, point culminant de la cordillère des Andes (6 962 m) et surnommé le « colosse de l'Amérique », à treize kilomètres de la frontière chilienne, nous enchainons deux bus et 8h de trajet. Nous posons le pied dans un minuscule village perdu dans les Andes à la recherche d’un logis alors qu’il fait déjà nuit et que le thermomètre approche de 0°C. Le premier hôtel est complet pour la fête des pères et le second en travaux. Dormir dehors n’est pas une option pour notre survie !! C’est un militaire qui vient nous sauver et nous propose de dormir dans la caserne des officiers. Tous les restaurants (en fait il n’y en a qu’un seul !) sont fermés. Nous nous couchons donc le ventre vide.

Au matin, nous petit déjeunons dans la salle de réception qui ressemble à une salle de relais de chasse bavarois. Ambiance… Nous nous équipons et partons pour 4 kilomètres de marche en direction de l’Aconcagua. Arrivés dans le parc naturel, nous faisons face à l’imposante montagne et essayons de ne pas tomber dans la neige (raté pour Johann, sur le cul Lulu !!). Nous nous sentons petits, tels deux microbes seuls au cœur des immensités sauvages. Tout est glacé ; où sont les canards et les petites fleurs ?! Nous devons partir car il n’y a qu’un bus par jour pour retourner à Mendoza et le temps presse. Nous décidons donc d’entamer un petit footing à 3 000 mètres d’altitude. De vrais sportifs de haute montagne !

De retour à Mendoza, nous récupérons nos affaires et filons prendre un bus de nuit pour Buenos Aires.

 

BUENOS AIRES - ­ CORDOBA -­ SAN ANTONIO DE ARECO

Nous arrivons tôt dans la capitale argentine, trouvons une auberge de jeunesse pour passer la première nuit, avant de récupérer le lendemain l’appartement que nous avons loué à San Telmo, le quartier des antiquaires.

L’appartement est génial : un duplex avec terrasse et barbecue, 3 chambres, deux salles de bains, une déco alliant modernité et rusticité, et Pablo, le copain du propriétaire nous accueille très chaleureusement.

Nous récupérons le jour d’après à l’aéroport la famille de Johann : les parents (Noëlle et Daniel), oncle et tante (Régine et Joël). Nous flânons l’après-midi dans San Telmo, ses ruelles et marchés/brocantes, pour la joie de tous.

Nous partons ensuite visiter jour après jour tous les quartiers de cette ville super.

Nous commençons par Recoleta, son cimetière de gens célèbres à la Père Lachaise, et nous goûtons tous ensemble à une parillada. Tout le monde s’est très rapidement adapté à la gastronomie locale, puisque Daniel et Joël réfléchissent à un moyen d’importer en France la Quilmes (bière de Buenos Aires), et le dulce de leche, ainsi que les fameux alfajores.

Ensuite, nous partons vers le micro centre ville, avec le palais des congrès, la plaza de mayo, la casa rosada (le palais du gouvernement), et l’obélisque. Nous visitons une petite exposition montée en 2010 à l’occasion du bicentenaire de l’Argentine, relatant toute l’histoire du pays. Nous nous dirigeons ensuite vers la galerie commerçante « Galerias Pacifico », une sorte de Bon Marché argentin.

Le dimanche, nous partons explorer les rues et marchés de la Boca, le quartier portuaire plus populaire, où les ouvriers ont recouvert les maisons de tôles peintes de toutes les couleurs. Un quartier touristique charmant, où les airs et danseurs de tango donnent une atmosphère de début du siècle.

Le lundi, les parents partent tous seuls se promener dans San Telmo et le micro centre, tandis que nous profitons de l’appartement pour nous reposer un peu.

Le mardi, nous louons notre Chevrolet spin 7 places, pour notre road trip dans la région de Cordoba. Johann est au volant, et rapidement à l’aise malgré le fait qu’il n’a pas conduit depuis 6 mois, la conduite plus que sportive et audacieuse des Argentins, et la boîte automatique de notre Chevrolet.

Après une étape repas à Rosario sur la route, nous faisons le plein d’essence, quand tout à coup, alors que nous sommes toujours à l’arrêt dans la station service, un petit vieux trouve le moyen de venir emboutir la voiture sur l’aile arrière gauche… Super !

Il n’y a pas de constat en Argentine, et toute la paperasse diffère d’un état à l’autre. Dans celui de Rosario, les déclarations d’accident doivent se faire dans les 72h. Le commissariat n’accepte de les faire que s’il y a des dommages corporels. Nous découvrons qu’il faut se rendre dans un centre spécialisé, qui heureusement est encore ouvert. Nous enregistrons la réclamation, faisons les papiers, et après 3h de ces formalités ennuyeuses, nous reprenons la route de nuit vers Cordoba. Nous y arrivons à 22h, et trouvons un dortoir où nous dormons tous les 6 : une bien chouette expérience !

Le lendemain nous visitons la ville, en flânant le long des nombreuses boutiques, de la plaza San Martin, de la rue de l’Université, nous mangeons des alfajores, bien sûr, dans le parc Sarmiento, et repassons une nuit dans notre dortoir.

Nous partons le lendemain pour le désert de sel. Mauvaise surprise au démarrage : une contravention pour stationnement interdit, que Johann arrive finalement à faire sauter en faisant les yeux doux à la contractuelle. Rebelote sur la route : les policiers nous arrêtent pour non allumage des feux de croisement. On est en pleine journée, mais là-bas, c’est obligatoire… Nous partons dans une petite ville au bureau des plaintes pour essayer de faire sauter l’amende de 60€. Le directeur de bureau nous explique de faire comme si de rien n’était, et de ne pas payer l’amende, puisqu’on ne peut pas être poursuivis. Après ce petit contretemps, nous arrivons enfin aux salines. Plus petit qu’à Uyuni en Bolivie, ce désert n’en est pas moins surprenant pour qui n’en a jamais vu. Nous roulons en voiture sur le sel, l’accès étant possible, et nous embourbons quelque peu (on a dû pousser à 5 la voiture pour la sortir de l’ornière). Nous observons de loin les sauniers à l’œuvre, qui ont quand même réussi à remplir un camion à la pelle en moins d’un quart d’heure, et prenons quelques photos amusantes.

Nous longeons ensuite la Sierra de Cordoba par son côté ouest, jusqu’à la ville de Mina Clavero, où nous passons la nuit. Cette fois-ci, c’est chacun sa chambre ! Mais toujours la Quilmes et le saucisson pour l’apéro, et les alfajores pour le dessert !

Le lendemain, nous traversons la Sierra d’ouest en est, et tentons d’apercevoir les condors, sans trop de succès. Tout le monde est ravi de ce road trip à travers ces paysages argentins. Après encore de nombreuses heures de voiture, de détours et contours, nous finissons par arriver à Buenos Aires, peu avant minuit. Une pizza, une Quilmes, et tout le monde au lit puisque nous partons le lendemain à San Antonio de Areco.

Cette petite ville est d’un charme fou, d’une sérénité incroyable pour un pays plutôt bruyant, et les habitants sont chaleureux et sympathiques. Nous visitons une pulperia gaucho (sorte de taverne où les gauchos se retrouvaient pour boire un verre et jouer après leur journée de travail), faisons un peu les boutiques, testons le chocolat local, et arrivons pour l’apéro dans un bistrot gaucho où les toiles d’araignées datent d’une époque que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. Picada, Quilmes, et à partir de 20h, une horde de gauchos bien bottés envahissent le bar pour le fameux Fernet-Cola. C’est presque la boisson nationale en Argentine, et ce n’est pas qu’un mythe.

A 20h30, nous nous dirigeons vers l’église San Antonio de Padoua, pour écouter des chorales. Ensuite, l’heure est venue pour la soirée gaucho endiablée dans un restaurant au bord du lac. L’ambiance est super sympa, les gens survoltés dansent, chantent, boivent, mangent, et applaudissent des chansons aux airs tristes (la zamba argentine), joyeux (chacarera), du tango ou de la valse, jusqu’à « la vie en rose » lorsqu’ils découvrent que nous sommes Français. Pris par le jeu, nous nous élançons vers la piste de danse, au milieu des Argentins, jusqu’à 1h du matin.

Une super soirée, qui aurait pu être parfaite si Johann ne s’était pas rendu compte après 20 minutes de voiture qu’il avait oublié son chapeau équatorien dans le restaurant… Malheur… Un demi-tour s’est avéré infructueux puisque nous avons trouvé portes closes… Aïe, aïe, aïe…

Le retour à Buenos Aires a sonné la fin du périple avec la voiture de location de près de 3 000 km en 5 jours !

Le dimanche fut une journée off pour les conducteurs, Johann et Alix. Les parents sont quant à eux retournés à la Boca faire quelques emplettes. Le soir nous avons mangé des empenadas de queso y jamon (fromage et jambon), de carne (viande) et de pollo (poulet) accompagnés de l’éternelle Quilmes.

Nous avons passé le lundi dans le quartier chic de Palermo alternant boutiques et parcs.

Le lendemain, nous avons encore profité de San Telmo, mangé une dernière parillada avant de nous préparer pour la soirée tango au café Tortoni. Assis au plus près de la scène, nous avons profité de 1h30 de spectacle de jambes virevoltant, de chant et de démonstrations gauchos (tambour et bolas). Une soirée magique encore !

Nous nous sommes couchés les yeux plein d’étoiles, airs de tango en tête.

Les parents sont partis le mercredi, et nous sommes restés à Buenos Aires encore deux nuits, le temps pour Johann de faire un aller-retour express à San Antonio de Areco pour récupérer son chapeau.

Le samedi, nous partions pour Puerto Iguazù, à la frontière brésilienne.

 

PUERTO IGUAZU

Partis de Buenos Aires à 14h00, nous arrivons à Puerto Iguazù à 9h00 le lendemain. Les formalités habituelles réalisées (hôtel, renseignements touristiques), nous profitons de l’après-midi au soleil avec une bière bien fraîche car nous avons retrouvé un climat tropical.

Le jour suivant, équipés de ponchos parce qu’il pleut, nous découvrons les merveilleuses chutes d’Iguazù. En quelques chiffres : 3 km de long, 82 m de hauteur, 275 chutes d’eau, 6 millions de litres d’eau par seconde !! Nous nous baladons sur les passerelles qui surplombent les chutes au raz de l’eau pendant plus de 3 heures, avant d’embarquer sur un bateau pour admirer ces monstres d’eau d’en bas, notamment la gigantesque Garganta del Diablo. Nous en ressortons trempés. Nous parcourons encore quelques allées pour voir d’autres chutes et squattons le parc du Sheraton Hôtel pour pique-niquer.

Nous rentrons à l’hôtel heureux de cette promenade dans cette merveille naturelle inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1984.

Demain, mardi 9 juillet, nous quittons l’Argentine pour le Brésil.

 

Nous avons passé plus d’un mois à admirer les paysages naturels du nord de l’Argentine (désert, montagnes, cascades), à apprécier la gastronomie (vins, viande, dulce de leche sous toute ses formes) et à bien profiter de sa capitale, Buenos Aires, en famille dans ses différents quartiers.

Encore un chouette pays. Et dire que nous en avons vu que la moitié !! A revenir pour la terre de feu…. C’est certain !