Bolivie, le pays des couleurs

12/06/2013 12:11

COPACABANA

Nous quittons Puno et le Pérou après une nuit glaciale, direction Copacabana, le côté bolivien du Lac Titicaca. Nous passons la frontière sans encombre, et traversons les champs de blé que les paysans récoltent en formant des petits cônes. Le paysage est plat et s’étend à perte de vue sous un ciel bleu.

Nous arrivons sur la place centrale de Copacabana, qui paraît être une charmante ville. En effet, après avoir déambulé dans les rues pour trouver un hôtel, le caractère tranquille et agréable de la ville se confirme. Nous savourons une excellente truite, spécialité locale en provenance fraîche et directe du lac.

Le lendemain matin, nous prenons un petit bateau à moteur pour nous rendre sur l’Isla del Sol, une île au beau milieu du lac, qui recèle paraît-il les trésors des origines des Incas. A peine débarqués, nous partons à l’assaut des petites collines. Il fait chaud, le soleil brille, et l‘eau est bleue tout autour de nous. Nous payons l’accès au nord de l’île et nous nous dirigeons vers le site archéologique qui abrite un temple, une table de sacrifices, ainsi que la pierre d’où seraient sortis les premiers Incas d’après la légende. On marche, on marche, on marche, ça monte, ça descend, ça monte ça descend, il fait chaud, il fait chaud, il fait chaud….

On avait dit qu’après la Machu Picchu, on arrêtait un peu les treks…Raté ! Tiens, une pierre verticale…qu’est-ce que c’est ? Ha ben, c’est la fameuse pierre des Incas…Ils auraient pu mettre un panneau quand même…. Heureusement qu’on a un petit plan. Après ça, nous cherchons la table des sacrifices. « Peut-être en haut de cette colline à droite » suggère Johann. Oui, sauf qu’on est à 4 800 mètres d’altitude, alors grimper 100 m, ça paraît un vrai calvaire. Arrivés en haut, pas de table de sacrifices, mais une vue superbe, alors nous décidons de manger notre petit pique-nique. En redescendant, nous apercevons la table des sacrifices. Une pierre plate vaguement posée sur des petits piliers de pierre, et toujours pas de panneau indiquant sa présence.

Nous empruntons ensuite le sentier qui part vers le sud de l’île, où nous avons prévu de passer la nuit. Ce petit sentier qui semblait inoffensif nous a pourtant donné du fil à retordre…50 m de dénivelé à monter, 50 m à descendre, et ça environ 10 fois ! Mais à cette altitude, et sous un soleil de plomb, c’est vite devenu énervant… Surtout qu’on nous a fait payer 2 péages. Le premier pour avoir le droit de marcher au milieu de l’île, et le second pour marcher dans la partie sud. Il faut bien que les gens vivent, mais quand même…

Bien contents d’être enfin arrivés dans le sud, nous avons profité d’une bière bien fraîche au bord d’une falaise dominant toute la partie sud-ouest de l’île, et le lac, qui avec ses dimensions, semble plus être une mer immense.

Pour le dîner, une soupe de quinoa nous réchauffe avec plaisir, puisqu’une fois la nuit tombée, il fait bien froid.

Le lendemain matin, nous mettons le réveil à 6h00 pour pouvoir profiter du lever de soleil. Puis nous reprenons un bateau pour retourner à Copacabana. Le bateau ne part bien sûr pas à l’heure, mais au moins nous savourons l’attente en observant les retardataires qui dégringolent la montagne en courant, malgré les jupons, ballerines et paquets énormes que les femmes portent sur leur dos.

Les Boliviens sont tous de type « indigène » comme ils disent ici, et avec les couleurs chamarrées des costumes traditionnels qu’ils portent presque tous, on ne se lasse pas de les observer.

Une fois débarqués à Copacabana, nous nous installons dans le bus direction La Paz. Puis, au moment de partir, alors que nous sommes confortablement coincés tout au fond du bus un grand choc derrière, accompagné de secousses, se fait sentir. Le nez passé par la fenêtre, on peut voir que le bus qui était garé derrière nous (dans une rue en pente faut-il préciser) a perdu son frein à main, et a entamé une petite course qui a fini dans le nôtre. Notre bus n’a cependant que peu de dégâts, donc pouvons partir dès que les vendeuses de poissons ont fini de charger les soutes de seaux de truites.

Johann se demandait avant de partir comment la route traversait un petit morceau bleu sur la carte (le lac ?). On a eu la réponse au bout d’une heure de route. On nous a fait descendre pour monter dans un petit bateau pendant que le bus se positionnait sur une barge. Nous avons tous traversé le bras du lac. On a récupéré notre bus de l’autre côté et la fin du trajet vers La Paz s’est effectué sans encombres, bien que sous la pluie.

 

LA PAZ

Une fois arrivés, un taxi nous a déposés dans un hôtel en plein centre-ville. Nous avons donc pu en profiter pour se promener à pied. Eh bien La Paz, malgré ses chauffards, ses embouteillages et sa pollution nous a beaucoup plu !

Les Boliviens son super sympas déjà, et puis la ville est très vivante. Les étals des nombreux marchés bordent les rues, et on peut acheter tout et n’importe quoi. Il y a une partie « Mercado Negro » qui propose des vêtements (de contre façon), de la laine ou des tissus, une autre partie « Mercado de las Brujas », le marché aux sorcières, qui propose entre autres joyeusetés des fœtus de lama séché (il paraît qu’enterré sous une maison, ça porte bonheur !), et aussi des rues d’ateliers d’instruments de musique (guitares, charangos, flûtes de pan, etc.) ou des rues spécialisées « Monsieur Bricolage » (peinture, électricité, outillage, etc.). Sans oublier les multiples vendeurs d’artisanat local, proposant tissus, pulls, bonnet, bijoux, laine d’alpaca ou de lama. Pour qui aime les marchés et leur artisanat, c’est un vrai régal !!!

Donc, nous nous sommes régalés à déambuler dans la capitale la plus haute du monde (4 065 m ) malgré ses rues qui montent constamment et essoufflent le marcheur.

Nous y avons trouvé de supers restaurants, un soir pour y gouter des raviolis au quinoa et une milanèse de lama, et un autre soir dans une peña, restaurant proposant spectacles de musiques, chants et danses folkloriques, autour d’une truite en provenance du Lac Titicaca.

Depuis La Paz, nous avons effectué une petite excursion d’une journée à Tiwanaku, un site pré-Inca situé entre le lac Titicaca et la capitale.

Malgré la présence de restes d’une pyramide, de quelques mégalithes et de ruines de temples, nous avons un peu été déçus, surtout après la grandeur de la Cité Perdue en Colombie, ou celle du Machu Picchu au Pérou. Les chercheurs ne savent que peu de choses sur cette civilisation, et la Porte du soleil, qu’on avait envie de voir, a elle aussi été un peu décevante. Nous avons ensuite passé encore une journée à La Paz notre bien aimée, pour profiter encore de son ambiance avant de partir pour la ville de Sucre, capitale culturelle du pays.

 

SUCRE

Nous y arrivons presque à pied puisqu’un barrage à l’entrée de la ville a empêché le bus d’aller plus loin. En effet, depuis notre arrivée en Bolivie, les enseignants étaient dans les rues pour protester contre les salaires de misères, bloquant ainsi les routes.

A Sucre, nous avons trouvé un joli petit hôtel près du marché et sommes partis nous promener dans cette ville coloniale à la recherche d’un bar pour regarder la finale de rugby en H-Cup (Toulon conte Clermont). Après, nous avons profité du soleil et d’un banc ombragé sur la place centrale pour déguster une petite glace.

Le lendemain, nous avons pris un petit bus pour nous rendre à Tarabuco, où se tient un marché artisanal tous les dimanches. Nous avons ainsi passé une partie de la journée entre pulls et chaussettes en laine, tissus et ponchos locaux, avant de rentrer à Sucre.

Nous devions partir le lendemain pour Potosi, mais un petit virus a eu raison de Johann ; nous sommes donc restés dans la ville blanche pendant une semaine le temps de se reposer et de récupérer. Alix en a profiter pour se faire une copine au marché en y allant tous les jours acheter des légumes pour la cuisine. Du coup, ça nous a permis d’établir plus de contacts avec certains Boliviens, donc c’était parfait.

Nous sommes ensuite partis à Potosi, la fameuse ville d’argent. Seul petit contre-temps : le bus, qui comme souvent en Bolivie, présentait des signes de faiblesses. Après plusieurs arrêts, le chauffeur et son fils ont fini par enlever une des quatre roues du train arrière !

 

POTOSI

Notre arrivée dans la ville s’est fait dans un froid glacial : le thermomètre affiche 5°C. Les Caraïbes sont vraiment très loin… Nous dénichons un hôtel pour nous réchauffer, qui par chance, propose des visites des mines. Nous sortons pour goûter la gastronomie locale, qui s’avère être plus mexicaine que locale puisque nous avons finalement mangé des burritos végétariens géants.

Le lendemain, nous partons donc avec notre guide visiter El Cerro Rico, la montagne abritant les mines d’argent et de zinc. Après un passage par la case « équipement » (une combinaison ultra sexy avec bottes et casque… encore chic Alix !), nous achetons de l’alcool (à 96° !!!), des feuilles de coca et des cigarettes pour faire une offrande au dieu protecteur des mineurs.

Nous pataugeons dans la mine pendant quelques heures, mais au calme puisqu’il n’y a pas de mineurs. On apprend par la suite qu’ils ont fait « péter » une roche à la dynamite le matin même vers 4h, et ils attendent que les gaz toxiques et poussière se dissipent… Sympa, on aurait pu nous prévenir !!!

Nous sommes quand même sortis vivants de cet enfer souterrain, où les étais semblent dater de l’époque espagnole. Les méthodes d’extraction n’ont guère évolué, pas plus que les salaires qui sont toujours aussi bas, surtout en cette période de crise du minerai.

Pour l’histoire, un espagnol a découvert au XVIe siècle que la montagne de la ville recelait d’importants filons d’argent. Il n'en a pas fallu plus pour que la région ait un attrait aux yeux de la couronne d’Espagne. En faisant travailler la population locale, et des esclaves africains, dont de très nombreux sont morts à cause des conditions misérables de travail, l’Espagne, et l’Europe par extension, a pu ainsi assurer sa fortune et donnant naissance à l’expression « Riche comme Potosi ».

Aujourd’hui, il ne reste que peu d’argent dans la montagne, mais des mineurs risquent encore leur vie pour extraire quelques tonnes par an du précieux métal, ou du zinc.

Nous retournons nous promener dans la ville, au soleil. Nous faisons quelques emplettes gastronomiques locales (des gâteaux plein de caramel…mmmmh !) pour notre bus du lendemain, direction Uyuni et le plus grand salar du monde.

 

SALAR D’UYUNI

La route pour atteindre Uyuni depuis Potosi est magnifique : les couleurs des montagnes changent du beige au rouge en passant par le vert et le noir. L’arrivée sur la ville est tout aussi belle, puisque la route surplombe le désert que l’on devine au loin.

A peine descendus du bus, Johann se fait alpaguer par des vendeuses d’excursions dans le salar. Nous en suivons une dans son bureau, qui nous convainc de partir le lendemain avec son entreprise pour 3 jours de 4x4 avec 2 Français et 2 Espagnols.

Nous sommes donc au rendez-vous le matin, à 10h30 précises, mais comme d’habitude, rien n’est prêt… Au final, nous montons dans un 4x4 occupé par deux couples d’Australiens et de Danois. Le chauffeur n’est pas celui prévu, et paraît quelque peu froid.

La première étape est le cimetière de train, qui n’a rien à voir avec le salar, mais dont ils ont l’air très fiers. Des vieux trains flambants français et anglais, il ne reste que des carcasses rouillées et taguées. La ligne ferroviaire servait autrefois à la liaison Potosi-Chili pour l’exportation des minerais d'argent de Potosi vers le reste du monde. Aujourd’hui désaffectée, la reconversion en site touristique est pour le moins surprenante.

Nous nous dirigeons ensuite vers le grand salar, et c’est parti pour 3 jours de désert !

Les paysages sont sublimes, depuis les étendues blanches de sel du salar lui-même, aux déserts de sable et de roches, en passant par des lagunes colorées de toutes les couleurs, des geysers d’eau chaude, des sculptures de pierres dues à l’érosion, la neige de la frontière chilienne, le tout dans un froid toujours aussi glacial !  Nous étions un petit 4x4 au milieu d’une immensité magnifique.

On n’a rien vu de plus beau depuis le début de notre périple. Ces étendues sauvages et inhospitalières abritent pourtant quelques espèces résistantes comme des flamants roses, des viscacha (sorte de lapin- chinchilla), et quelques oiseaux. Quelques êtres humains assez fous pour vivre tout l’année entre -40°C et +10°C ont fondé quelques villages où nous avons pu profiter d’une bière et d’un hébergement sommaire et frigorifique.

Il est difficile de décrire autrement que par les mots « sublime », « magnifique »… ces paysages que nous avons traversés. Il faut y aller pour en profiter, les photos elles-mêmes ne rendent pas tellement justice à la beauté et l’immensité des lieux. Peut-être avec le Paris-Dakar 2014 qui passera par là ! ;-)

 

De retour à la ville d’Uyuni, nous avons aussitôt pris un bus direction Villazon à la frontière argentine. Le voyage de nuit est tout aussi glacial (gants, bonnets, écharpe, collants en laine sous le pantalon) que les déserts, et très remuant (Alix : « Mais il passe à travers champs ou quoi ?? »).

Arrivés à 5h du matin, nous patientons 2 heures pour l’ouverture de la frontière. Les formalités traditionnelles effectuées nous partons en direction de Salta, première étape de notre nouvelle aventure dans le pays de la vache et du bœuf.