San Cristobal de las Casas, Boca del Cielo et Tapachula

21/01/2013 16:05

SAN CRISTOBAL DE LES CASAS

Arrivés le samedi 5 janvier à San Cristobal de las Casas, nos retrouvons TOTO dans sa « Casa Pingus », après quelques heures de collectivos depuis Palenque. Les paysages n’ont rien à voir avec les plages de sable blanc de Tulum ou la jungle de Palenque : des pins s’étendent à perte de vue sur les flancs escarpés des montagnes qui nous entourent. A peine le temps de poser nos affaires que l’heure de l’apéro sonne. Une petite bière chez lui puis direction le centre ville ou plutôt l’Entropia (bar tenu par Sylvestre, un marseillais, et sa copine Mexicaine). Ce lieu serait par la suite un point central de nos virées nocturnes pour la dégustation du Pox notamment (prononcer Poche), alcool local à base de canne à sucre à 50/60°. On comprend d’ailleurs mieux pourquoi on retrouve des mexicains couchés par terre dans la rue un peu partout. D’autres lieux que nous avons apprécié : la Madre Tierra (bar-salle de concert), les mescalerias (bar à mezcal = alcool d’agave similaire à la Téquila) et divers cafés emplis d’odeurs de café fraîchement moulu et de torréfaction. L’appellation « Téquila » est une marque déposée pour les téquilas fabriquées dans l'État de Jalisco exclusivement à partir d'une plante nommée Agave tequilana. Le mezcal est à peu près identique, si ce n’est que le procédé de fabrication est légèrement différent.

San Cristobal est une ville coloniale situé au cœur du Chiapas à 2000 m d’altitude fondée le 31 mai 1528 par le capitaine général et lieutenant-gouverneur Diego de Mazariegos (un Espagnol), après qu'il eut vaincu les Zoques et les Chiapanèques. Ses rues pavées, ses trottoirs hauts de 50 cm pour la saison des pluies (très fortes parait-il), ses maisons colorées aux patios intérieurs et ses nombreuses églises baroques en font une ville de commerce et de tourisme. De nombreux européens s’y sont installés pour développer différentes activités : boulangerie-pâtisserie, chocolaterie, magasins d’ambre, etc. Cette ville accueille également de nombreux « hippies » et musiciens qui participent à l’animation locale, ainsi que les indiens Chamulas qui vendent des étoffes et autres objets.

Le Chiapas est en effet la terre des indiens dont deux groupes ont particulièrement conservé et perpétué leur identité et leur culture ancestrales : Tzotziles et Tzoltals. Nous avons visité le village de San Juan Chamula, village Tzotzile, guidés par Alejandro, un métisse espagnol-indien d’une culture générale et d’une intelligence d’esprit un peu inattendues. Les maisons sont encore pour certaines construites en briques de terre crue offrant une meilleure résistance aux séismes et un meilleur confort thermique que les maisons plus récentes en parpaings. Un des plats traditionnels, commun à tout le Mexique, que nous avons pu déguster se compose d’une tortilla de maïs cuite sur une pierre chaude garnie de haricots rouges (frijoles), d’avocat (aguacate) et de fromage (queso doble crema). La nourriture de l’âme est assurée par les pratiques religieuses, résultat d’un syncrétisme entre le catholicisme et l’ancien culte païen. Les églises servent ainsi à prier essentiellement Saint Jean Baptiste et la Vierge Noire (Guadalupe) et le baptême est le seul sacrement à y être célébré. Pas de banc, pas de prêtre au sein de l’édifice, seulement des centaines de bougies et des aiguilles de pin au sol. Celles-ci séparent le croyant de la terre et des tentures suspendues au plafond le séparent du ciel. La nef est emplie de fumées de copal qui brûle dans les encensoirs. Dans le culte maya, le monde est symbolisé par un arbre placé sur un piédestal représenté par une croix : il s’élève vers le ciel, s’enracine dans la terre. Les Mayas vénéraient cet arbre, le Ceiba, parce qu’ils pensaient que 4 ceibas tenaient le ciel aux quatre points cardinaux. On les retrouve d’ailleurs sur la croix, ainsi que le symbole du Serpent à plumes qu’ils vénéraient tout autant. Le rituel de la prière se fait en famille et s’accompagne de pox partagé entre tous (même les bébés) ou parfois de coca-cola. A l’extérieur de l’église les hommes font exploser pétards et fusées, ajoutant à l’atmosphère enfumée aux odeurs de pin de l’intérieur un vacarme assourdissant. Si le Pape voyait-ça !!!!!

C’était vraiment un spectacle époustouflant auquel nous avons eu la chance d’assister. En plus, ces Indiens ont conservé non seulement lors traditions mais aussi leurs vêtements, constitué pour les femmes d’une longue jupe en laine de mouton à longs poils noirs, d’une large ceinture colorée et d’un chemisier brodé de fils multicolores et d’or et d’argent. Les hommes portent une tunique brodée sur un pantalon, tenue à la taille par une large ceinture également. Leur chapeau est orné de rubans qui représentent leur classe sociale, leur état civil, le quartier habité, etc. Leur principale activité est le commerce, soit du produit de leur agriculture (bœuf et charrue), soit de tissus et diverses étoffes brodées. En continuant notre visite dans le village de Zinacantan, nous sommes rentrés dans un atelier tenu par une femme et ses filles, assises pendant 8 heures à leur ouvrage 7 jours sur 7.

Ces indiens, tous de petite taille sont pourtant de vigoureux rebelles qui luttent depuis les invasions espagnoles pour la restitution de leurs terres. Soutenus par les zapatistes, ils ont rejoint leurs rangs et continuent encore aujourd’hui des manifestations cagoulées parfois musclées.

                                                                                                                     

Durant notre passage dans le Chiapas, nous avons pu admirer la cascade del Chiflon, autrement appelée « Voile de la mariée » et sa rivière aux eaux turquoise « Río San Vicente ». Cette promenade de 2h00 s’est avérée être un test sur nos capacités physiques du moment : 5 km aller-retour et 120 m de dénivelé, sous un soleil de plomb et 30°C. Résultat = mal aux jambes !! Lors de cette même journée, notre tour s’est arrêté sur les magnifiques lacs de Montebello perdus à la frontière du Guatemala.

 

On comptait rester seulement 3 jours à San Cristobal finalement nous y sommes restés presque 2 semaines. C’est donc l’esprit plein d’images et d’odeurs de pins et de café que nous avons laissé le froid de cette ville haute en couleurs pour des cieux plus cléments sur la côte Pacifique sud à Boca del Cielo.

 

BOCA DEL CIELO

Après quelques heures encore et plusieurs moyens de transport (bus, bus, collectivo et bateau), nous avons débarqué à Isla San Marcos, langue de terre entre lagune et océan, en face de Boca del Cielo. Des plages de sable noir à perte de vue et une petite cabane sous les cocotiers nous ont accueillis pour notre première nuit, agitée par l’ingestion d’un poisson pas très frais… La suite s’est déroulée en vivant dans une autre cabane, plus propre, tenue par un italien et une portugaise ayant passé leur vie en Afrique. Notre programme quotidien n’était ni varié ni impressionnant, se résumant à de la lecture dans les hamacs et l’observation de couchers de soleil magnifiques et des chamailles de crabes sur le sable mouillé. Ces quelques jours nous ont permis de profiter d’une nature sauvage (il n’y avait presque personne sur des kilomètres), des rouleaux puissants du Pacifique, d’une cuisine italienne fort gouteuse, et d’une tranquillité absolue avant la continuité de notre tour d’Amérique centrale.

Nous avons bien fait, puisque la première étape suivante a donné à notre voyage un côté un peu plus « aventurier ».

 

TAPACHULA

Déjà, le départ de Boca del Cielo s’est fait dans un taxi dont le chargement oscillait entre 6 et 8 passagers, selon les arrêts fréquents où montaient ou descendaient de nouvelles personnes… Ensuite, nous avons pris un bus pour nous rendre à Tapachula, où nous avions un autre bus qui nous emmènerait à San Salvador.

La soirée passée à Tapachula nous a confirmé ce que nous avions entendu sur la ville : un amalgame de pollution, de maisons moches et de marchés qui puent. Vraiment pas le paradis. Mais qu’importe, il suffisait d’attendre le matin 5h pour que le bus magique nous sorte de cet enfer frontalier.

A suivre.....